Nicolas Sarkozy mis en examen…Ce qu’en pensent les Pétroleuses
Nous n’avons pas été très surprises d’apprendre que Nicolas Sarkozy avait
été mis en examen jeudi au motif d’abus de faiblesse. Il en aurait été de même
pour n’importe quel autre homme politique. Car le milieu du pouvoir n’a rien en
soi de très honnête. Il a beau avoir été Président, il n’en reste pas moins un
justiciable comme vous et moi et à ce titre, passible de poursuites en cas de
non-respect des règles.
Par contre, nous avons été choquées par les réactions des membres du clan
Sarkozy. Et en premier lieu, celle bien entendu du chien de garde de Nicolas
Sarkozy, le député UMP Henri Guaino qui a déclaré que le juge Gentil (pour
information, le juge Gentil n’a pas rendu cette sentence seul mais en
collaboration avec deux autres juges : Cécile Ramonatxo et Valérie Noël)
avait « déshonoré la justice ». Propos bien gratuits à nos yeux.
Nous ne connaîtrons jamais véritablement les dessous de l’affaire Bettencourt
et le nom des coupables nous importe assez peu finalement. Mais les propos d’Henri
Guaino sont une atteinte aux principes qui régissent notre démocratie : la
séparation des pouvoirs.
Je vous invite à vous replonger dans De
l’esprit des lois, ouvrage fondamental de Montesquieu et vous en donne un extrait (1748) :
« Il y a,
dans chaque État, trois sortes de pouvoirs : la puissance législative, la
puissance exécutrice des choses qui dépendent du droit des gens, et la
puissance exécutrice de celles qui dépendent du droit civil.
Par la
première, le prince ou le magistrat fait des lois pour un temps ou pour
toujours, et corrige ou abroge celles qui sont faites. Par la seconde, il fait
la paix ou la guerre, envoie ou reçoit des ambassades, établit la sûreté,
prévient les invasions. Par la troisième, il punit les crimes, ou juge les
différends des particuliers. On appellera cette dernière la puissance de juger
; et l'autre, simplement la puissance exécutrice de l'État.
La liberté
politique, dans un citoyen, est cette tranquillité d'esprit qui provient de
l'opinion que chacun a de sa sûreté ; et, pour qu'on ait cette liberté, il faut
que le gouvernement soit tel qu'un citoyen ne puisse pas craindre un autre
citoyen.
Lorsque, dans
la même personne ou dans le même corps de magistrature, la puissance
législative est réunie à la puissance exécutrice, il n'y a point de
liberté ; parce qu'on peut craindre que le même monarque ou le même sénat
ne fasse des lois tyranniques, pour les exécuter tyranniquement.
Il n'y a point
encore de liberté, si la puissance de juger n'est pas séparée de la puissance
législative et de l'exécutrice. Si elle était jointe à la puissance
législative, le pouvoir sur la vie et la liberté des citoyens serait arbitraire
; car le juge serait législateur. Si
elle était jointe à la puissance exécutrice, le juge pourrait avoir la force
d'un oppresseur.
Tout serait perdu, si le même homme, ou le même corps des principaux, ou
des nobles, ou du peuple, exerçaient ces trois pouvoirs : celui de faire des
lois, celui d'exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les crimes
ou les différends des particuliers. » (XI, 4)
Cette séparation des pouvoirs est le garant de la bonne marche des
institutions. Or, le clan Sarkozy dès son arrivée au pouvoir en 2007 s’est
ingéré dans les affaires judiciaires. Et continue encore aujourd’hui. De quel
droit ? Où est passée l’indépendance de la justice ? Notre démocratie
n’est-elle pas en danger face à ce non-respect de la séparation des pouvoirs ?
Nous le craignons fort.
Quant à la comparaison de l’affaire d’Outreau avec celle de Sarkozy si on
reprend les propos de Nadine Morano, autre chien de garde de Nicolas, elle
montre à quel point il est important de respecter à la lettre le proverbe
suivant : il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de
parler !!! Cette comparaison nous paraît déplacée mais nous comprenons
aisément le message de Nadine Morano : elle attaque la fonction du juge d’instruction
que voulait tant faire disparaître l’ex-président.
Nous n’épiloguerons pas davantage. Laissons place à la justice. Qu’elle rende
une sentence juste en toute équité, qu’on s’appelle Sarkozy ou Tartempion.
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